Le monde du travail est au centre de toutes les attentions. Et c’est bien normal. Puisque l’homme passe plus de temps à son travail qu’à nul autre endroit. Et parmi les nombreuses questions soulevées, figure celle de la libération de la parole en entreprise.

Libérer la parole au travail ?

Qu’est-ce que c’est que libérer la parole ?

Pour répondre aux grands défis qui naissent dans les organisations, il est important que les employés puissent s’exprimer. Ils doivent pouvoir porter leurs revendications auprès des chefs. Et ce, sans craindre des conséquences désagréables ou fâcheuses. La libération de la parole entre ainsi en scène. Elle entend être une communication franche et sincère, entre employeurs et employés. Un échange sans tabou, authentique. Il s’agit donc clairement pour les collaborateurs et les managers, de « parler vrai ».

Pourquoi libérer la parole au travail ?

De nombreuses raisons militent pour la libération de la parole au travail.

  • Déjà, les nouveaux salariés supportent de moins en moins de ne pas voir leurs opinions prises en compte dans les prises de décisions ;
  • Les employés sont plus motivés lorsqu’ils sentent que leurs patrons sont moins distantset plus transparents à leur égard ;
  • Beaucoup de drames des moins graves (grèves) aux extrêmes (suicides) pourraient être évités, rien que par le dialogue ;
  • La collaboration vivante, qui naît de la libération de la parole est gage de créativitéet de performance organisationnelle ;
  • Sans dialogue,la communication non verbale prend une place démesurée. Ainsi, on croit deviner dans un geste ou une mimique… des choses qui sont peut-être bien réelles, ou pas !
  • Le silence au travail tue. Et c’est sérieux. D’après une étude scientifique suédoise parue en 2009, il existe bel et bien un lien entre les maladies cardiaques et un environnement où on n’a pas le droit à la parole.
  • Les patrons qui encouragent leurs subordonnés à s’exprimer sont ainsi à l’écoute de leurs besoins fondamentaux. En effet, d’après les psychologues, le besoin de reconnaissanceest un des besoins les plus importants chez l’homme. Ce dernier aime se sentir estimé, considérer.

Par ailleurs, quand on parle au lieu de tout garder en soi, on se sent… libéré. On n’a plus rien à cacher, plus rien qui nous ronge. Et on n’est plus serein dans son travail.

Pourquoi est-il si difficile de voir libérer la parole au travail ?

Les dirigeants d’entreprise préfèrent pour la plupart s’enfermer dans leurs certitudes. Ils pensent qu’en fuyant la contradiction et le débat avec leurs collaborateurs, ils imposent un système plus efficace. En effet, des ordres et des instructions directes donnés et exécutés sans broncher sont le gage de la performance, pensent-ils.

Quant aux employés, ils craignent une réaction négative de la hiérarchie si jamais ils devaient lui exposer le fonds de leurs pensées. Ils s’installent donc dans un silence de soumission.

Comment libérer la parole au travail ?

Des solutions existent pour libérer la parole au travail. Certaines sont simples et d’autres sont pour le moins osées. Parcourons en quelques-unes !

  • Organiser des rencontres entre patron et employés, hors du bureau. Le cadre formel du bureau peut inhiber la parole des employés. Une solution simple pour les pousser à s’exprimer serait alors de les rencontrer ailleurs. Ainsi, se trouver par exemple, régulièrement, autour d’un café, peut être la solution. Tout en dégustant leurs tasses, la parole est donnée à tous.

Chacun peut alors s’exprimer librement et dévoiler ses doutes, ses désirs, ses envies ou encore ses colères.

  • Privilégier les tête-à-tête entre dirigeants et employés. On constate ainsi de plus en plus que les grands managers acceptent de consacrer du temps au dialogue direct avec leurs employés.

Il est de fait devenu fréquent que les circuits hiérarchiques formels de communications soient coupés. Considérons un employé X qui doit rendre compte à un chef Y avec qui il ne s’entend pas du tout. Il peut par exemple chercher à voir et parler directement avec Monsieur Z, le chef de son chef. Pour se plaindre de ce dernier !

  • Instaurer une culture noble du conflit. Il faut en effet que les gens sachent que le conflit est inévitable dans une organisation humaine. Et qu’en plus d’être inévitable, il peut même être bénéfique. Pourquoi ? Parce qu’il permet de découvrir ce qui ne va paset d’y trouver des solutions pour continuer d’avancer.

Donc, énervez-vous ! Querellez-vous ! C’est un bon moyen pour :

  • éviter d’autres conflits sur le point de se produire ;
  • « crever l’abcès » en se disant ses quatre vérités et passer à autre chose.

Mais attention, il faut que toute cette colère s’exprime certes naturellement, mais de façon… civilisée ! Il ne faudra pas oublier qu’après la dispute, vous devrez continuer à travailler ensemble. Quelques règles de base doivent donc être respectées :

  • Pas d’insultes ;
  • Pas d’attaques personnelles ;
  • Pas de bagarres ;

Les managers doivent ainsi veiller à ce qu’il n’y ait aucun débordement. Le but ultime est que tout le monde sorte gagnant de ce « conflit organisé ». Il faut donc :

  • Savoir écouterl’autre partie ;
  • Accepterque vous puissiez avoir tort et que l’autre puisse avoir raison ;
  • Savoir quand le conflit doit stopper pour laisser place à la réconciliation.
  • Mettre en place des « fury rooms ». Ce concept, né aux USA et au Japon, s’est assez vite répandu dans les quatre coins de la planète. C’est simple, mais cher ! En effet, cela passe par la casse. Il est question de se retrouver seul dans une pièce insonorisée et de briser tout ce qui vous tombe sous la main. Des imprimantes au mobilier en passant par les téléphones portables ! Le résultat ici est de se débarrasser de la violence non exprimée et d’ailleurs inexprimable à l’encontre d’un collègue ou d’un boss !

Les chefs qui se risquent à s’exposer aux critiques de leurs employés sont rares. Or, il est important que le dialogue ne se fasse pas uniquement dans le sens du haut vers le bas. La parole des salariés doit donc être libérée pour leur bien-être comme pour le bon fonctionnement de l’organisation.

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